Mes trĂšs chers Yogis , Yoginis ,
Cette fois ci , j’avais envie de vous partager ce conte de Charles Brulhart …pour cheminer vers Soi et …tenter de tendre vers la sagesse ,  ( je l’avais mis en prĂ©ambule de mon mĂ©moire ).
LES 3 PORTES DE LA SAGESSEÂ
Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince, courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il lâenvoya auprĂšs dâun vieux sage.
. Eclaire moi sur le chemin de la vie, demanda le Prince
. Mes paroles sâĂ©vanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, rĂ©pondit le Sage. Cependant, je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route tu trouveras trois portes. Lis les prĂ©ceptes inscrits sur chacune dâelles. Un besoin irrĂ©sistible te poussera Ă les suivre. Ne cherche pas Ă tâen dĂ©tourner, car tu serais condamnĂ© Ă revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis tâen dire plus. Tu dois Ă©prouver tout cela dans ton cĆur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi.
Le vieux sage disparut et le Prince sâengagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientĂŽt face Ă une grande porte sur laquelle on pouvait lire :
 » Change le Monde «Â
CâĂ©tait bien lĂ mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, dâautres ne me conviennent pas.
Et il entama son premier combat. Son idĂ©al, sa fougue et sa vigueur le poussĂšrent Ă se confronter au monde, Ă entreprendre, Ă conquĂ©rir, Ă modeler la rĂ©alitĂ© selon son dĂ©sir. Il y trouva le plaisir et l âivresse du conquĂ©rant, mais pas lâapaisement du cĆur. Il rĂ©ussit Ă changer certaines choses, mais beaucoup dâautres lui rĂ©sistĂšrent.
Bien des annĂ©es passĂšrent. Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda : . Quâas tu appris sur le chemin ?
. Jâai appris, rĂ©pondit le Prince Ă discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui mâĂ©chappe, ce qui dĂ©pend de moi et ce qui nâen dĂ©pend pas.
ïżŒ. Câest bien dit le vieil homme, utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui Ă©chappe Ă ton emprise.
Et il disparut.
Peu aprĂšs, le Prince se trouva face Ă une seconde porte. On pouvait y lire :
 » Change les Autres «Â
CâĂ©tait bien lĂ mon intention pensa tâil. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, dâamertume et de frustration. Et il sâinsurgea contre tout ce qui pouvait le dĂ©ranger ou lui dĂ©plaire chez ses semblables. Il chercha Ă inflĂ©chir leur caractĂšre et Ă extirper leurs dĂ©fauts. Ce fut lĂ son deuxiĂšme combat.
Bien des années passÚrent.
Un jour, alors quâil mĂ©ditait sur lâinutilitĂ© de ses tentatives de vouloir changer les autres, il croisa le vieux sage qui lui demanda :
. Quâas tu appris sur le chemin ?
. Jâai appris, rĂ©pondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes dĂ©boires. Ils nâen sont que le rĂ©vĂ©lateur ou lâoccasion. Câest en moi que prennent racine toutes ces choses.
. Tu as raison dit le Sage. Par ce quâils rĂ©veillent en toi, les autres te rĂ©vĂšlent Ă toi-mĂȘme. Sois reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois le aussi envers ceux qui font naĂźtre en toi souffrance ou frustration, car Ă travers eux la vie tâenseigne ce qui te reste Ă apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir.
Et le vieil homme disparut. Peu aprĂšs le Prince arriva devant une porte oĂč figuraient ces mots :
 » Change toi toi – mĂȘme «Â
Si je suis moi-mĂȘme la cause de mes problĂšmes, câest bien ce qui me reste Ă faire se dit-il. Et il entama son troisiĂšme combat. Il chercha Ă inflĂ©chir son caractĂšre, Ă combattre ses imperfections, Ă supprimer ses dĂ©fauts, Ă changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas Ă son idĂ©al.
AprĂšs bien des annĂ©es de ce combat oĂč il connut quelque succĂšs mais aussi des Ă©checs et des rĂ©sistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :
. Quâas tu appris sur le chemin ?
. Jâai appris, rĂ©pondit le Prince, quâil y a en nous des choses quâon peut amĂ©liorer, dâautres qui nous rĂ©sistent et quâon nâarrive pas Ă briser.
. Câest bien dit le Sage.
. Oui poursuivit le Prince, mais je commence Ă ĂȘtre las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-mĂȘme. Cela ne finira tâil jamais ? Quand trouverai-je le repos ? Jâai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lĂącher prise.
. Câest justement ton prochain apprentissage dit le vieux Sage. Mais avant dâaller plus loin, retourne toi et contemple le chemin parcouru. Et il disparut.
Regardant en arriĂšre, le Prince vit dans le lointain la troisiĂšme porte et sâaperçut quâelle portait sur sa face arriĂšre une inscription qui disait :
 » Accepte toi toi-mĂȘme «Â
Le Prince sâĂ©tonna de ne point avoir vu cette inscription lorsquâil avait franchi la porte la premiĂšre fois dans lâautre sens.
. Quand on combat, on devient aveugle se dit-il.
Il vit aussi, gisant sur le sol, Ă©parpillĂ© autour de lui, tout ce quâil avait rejetĂ© et combattu en lui : ses dĂ©fauts, ses ombres, ses limites, tous ses vieux dĂ©mons.
Il apprit alors Ă les reconnaĂźtre, Ă les accepter, Ă les aimer. Il apprit Ă sâaimer lui-mĂȘme sans plus se comparer, se juger se blĂąmer.
Il rencontra le vieux Sage qui lui demanda :
. Quâas tu appris sur le chemin ?
. Jâai appris rĂ©pondit le Prince, que dĂ©tester ou refuser une partie de moi, câest me condamner Ă ne jamais ĂȘtre en accord avec moi-mĂȘme. Jâai appris Ă mâaccepter moi-mĂȘme, totalement, inconditionnellement.
. Câest bien dit le vieil homme, câest la premiĂšre sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisiĂšme porte.
A peine arrivĂ© de lâautre cĂŽtĂ©, le Prince aperçut au loin la face arriĂšre de la seconde porte et y lut :
 » Accepte les Autres «Â
Tout autour de lui il reconnut les personnes quâil avait cĂŽtoyĂ©es dans sa vie. Celles quâil avait aimĂ©es et celles quâil avait dĂ©testĂ©es. Celles quâil avait soutenues et celles quâil avait combattues. Mais Ă sa grande surprise, il Ă©tait maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs dĂ©fauts, ce qui autrefois lâavait tellement gĂȘnĂ© et contre quoi il sâĂ©tait battu.
Il rencontra Ă nouveau le vieux Sage.
. Quâas tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.
. Jâai appris, rĂ©pondit le Prince, quâen Ă©tant en accord avec moi-mĂȘme, je nâavais plus rien Ă reprocher aux autres, plus rien Ă craindre dâeux. Jâai appris Ă accepter et Ă aimer les autres totalement, inconditionnellement.
. Câest bien dit le vieux Sage. Câest la seconde sagesse. Tu peux franchir Ă nouveau la deuxiĂšme porte. ArrivĂ© de lâautre cĂŽtĂ©, le Prince aperçut la face arriĂšre de la premiĂšre porte et y lut :
 » Accepte le Monde «Â
Curieux, se dit-il que je nâaie pas vu cette inscription la premiĂšre fois. Il regarda autour de lui et reconnu ce monde quâil avait cherchĂ© Ă conquĂ©rir, Ă transformer, Ă changer. Il fut frappĂ© par lâĂ©clat et la beautĂ© de toute chose. Par leur imperfection. CâĂ©tait pourtant le mĂȘme monde quâautrefois. Etait-ce le monde qui avait changĂ© ou son regard ?
Il croisa le vieux Sage qui lui demanda :
. Quâas tu appris sur le chemin ?
. Jâai appris, dit le Prince que le monde est le miroir de mon Ăąme. Que mon Ăąme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouĂ©e, le monde lui semble gai. Quand elle est accablĂ©e le monde lui semble triste. Le Monde, lui, nâest ni triste ni gai. Il est lĂ , il existe, câest tout. Ce nâĂ©tait pas le monde qui me troublait, mais lâidĂ©e que je mâen faisais. Jâai appris Ă lâaccepter sans le juger, totalement, inconditionnellement.
. Câest la troisiĂšme sagesse dit le vieil Homme. Te voilĂ Ă prĂ©sent en accord avec toi-mĂȘme, avec les autres et avec le Monde.
Un profond sentiment de Paix, de SĂ©rĂ©nitĂ©, de PlĂ©nitude envahit le Prince. Le silence lâhabita.
. Tu es prĂȘt maintenant, Ă franchir le dernier seuil dit le vieux Sage, celui du passage du Silence de la PlĂ©nitude, Ă la PlĂ©nitude du Silence.
Et le vieil Homme disparut.
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